C’est la sortie bouquin de l’automne pour tous les amateurs d’histoires de samples et de hiphop ! « De La Soul, aussi mort que vivant » de Vincent Brunner nous plonge dans les anecdotes (samplesque, mais pas que!) de ces 3 potes de lycée qui ont imposé leur style dans le paysage du hiphop américain.
Pour l’occasion, j’ai pu poser quelques questions à l’auteur du livre, Vincent Brunner.
Rencontre avec Vincent Brunner
Samples.fr Salut Vincent, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Vincent Brunner : J’écris sur la musique et la bande dessinée, j’ai commencé par les Inrocks en 1997, un mag avec lequel je collabore toujours. Je mêle mes deux passions – musique et bande dessinée, donc – dans beaucoup de ce que je fais.
J’écris notamment des scénarios sur la musique pour la revue d’actualité en BD, Topo, j’ai dirigé deux livres qui s’appellent « Rock Strips » et « Rock Strips Come Back » où plein d’auteurs de BD – Riad Sattouf, Luz, Nine Antico, Charles Berberian, etc. – ont dessiné des histoires sur leurs groupes de rock préférés, j’ai signé un roman jeunesse qui parlait aussi de musique « Platine », une BD fiction qui s’appelle « 11407 vues », dessinée par Claire de Gastold où deux personnages étaient des apprentis rappeurs.
J’ai aussi fait des livres sur Miossec, the Clash et, avec le réalisateur Nicolas Rendu, on a créé pour Arte un programme court qui s’appelle « Tout est vrai (ou presque)’.
Samples.fr : D’où est venue l’envie de faire un livre sur De La Soul et le sampling ?
Vincent Brunner : Si j’ai écrit ce livre, c’est parce que je ne me suis jamais remis de la découverte, ado, de « 3 Feet High and Rising » et de cette manière de composer du neuf avec des samples. En réalité, ça fait trente ans qu’il m’accompagne et que je ne cesse d’en découvrir la richesse.
Et notamment tous les originaux qu’ils ont samplés. Quelle surprise de découvrir, en écoutant « Songs of our Soil’ l’album de Johnny Cash datant de 1959, que « 3 Feet High and Rising » samplait la chanson « Five Feet High and Rising » (jusqu’à lui piquer son titre). Cela reste un album de passionnés mais très ludique et accessible.
Samples.fr : Selon toi, qu’est-ce qui fait que De La Soul est une formation à part dans le hiphop US ? Déjà à l’époque mais encore aujourd’hui ?
Vincent Brunner : En 1989, De La Soul a trouvé sa place sur la carte du rap américain parce qu’il ne ressemblait à rien d’autre et ajoutait, justement, sa propre couleur, son identité. Le groupe n’a pas raisonné en termes d’impact ou de marketing, il a juste laissé sa fantaisie et son éclectisme transparaître sur un album bordélique conçu dans l’euphorie.
La manière avec laquelle De La Soul a pioché ailleurs que dans la soul, le funk ou le jazz, reste aussi fondatrice. D’autres samplaient avant eux du rock mais eux sont allés plus loin, prenant les disques de leur enfance, ceux de leurs parents, sans tabou ni dogme. Aujourd’hui, De La Soul font partie de ces pionniers qui ont cassé des cloisons, ont expérimenté en s’amusant. Leur premier album reste d’une fraîcheur incomparable, celle de trois jeunes adultes qui touchaient à leur rêve. Par rapport au rap d’aujourd’hui, malgré les progrès de la technologie, personne n’a égalé la rondeur et la folie de leurs morceaux-collages.
Tu as eu la chance de côtoyer De La Soul à plusieurs reprises, tu as une anecdote à partager (qui n’est pas dans le bouquin ? 😉 )
Oui j’ai eu la chance de les rencontrer plusieurs fois. La dernière doit dater du projet First Serve dans lequel Posdnuos était impliqué. Par rapport à l’interview à Cannes dans les années 2000, les deux autres s’amusaient beaucoup à entendre Trugoy ronfler. Eux n’étaient pas jet-lagués et se moquaient gentiment. Faudra que je retrouve l’enregistrement mais c’était épique.
Tu leur as envoyé le livre ?
Non, je le ferai peut-être un jour. C’est toujours compliqué de mettre au courant l’artiste sur lequel tu écris. Même si le livre leur rend hommage, tu ne sais pas quelle pourrait être leur réaction, et surtout celle de leur management, des intermédiaires.
Ton sample / original favori chez De La Soul ?
Ha, je crois que c’est celui provenant de « Multiplication Rock », « 3 is a Magic Number ». Après, j’adore aussi « Little Ole Country Boy », sans doute le seul morceau de Funkadelic où il y a du yodel. Je suis fan de Funkadelic depuis que j’écoute De La Soul et tous les autres qui le samplaient mais j’ai mis longtemps à dénicher celui-ci.
3 mots pour décrire Prince Paul ?
Inventif. Excentrique. Méconnu -trop !
Tu penses qu’un jour on aura tous les albums de De La Soul sur les plateformes de streaming ?
Comme je le dis dans l’épilogue, le fait que Reservoir, la société qui possède désormais le catalogue Tommy Boy ait vite communiqué sur De La Soul est bon signe. Le groupe a même communiqué au début de l’été (le livre était bouclé) sur le fait que ses premiers albums allaient enfin être dispos. Après, il y a déjà eu des effets d’annonce, notamment en 2019, donc j’y croirai quand ça sera avéré. Croisons-les doigts, le groupe mérite d’être redécouvert par le jeune public.
Mes futurs projets : écrire de la bande dessinée, revenir à un projet de fiction. Après, c’est toujours pareil, pour dix projets lancés, un aboutira peut-être 🙂
Tu penses faire d’autres livres autour du sampling ?
Parmi ces projets, il y en a un qui concerne un artiste hip-hop donc il y aura sans doute des références aux samples
Un documentaire vidéo
Il y a quelques années, Mas Appeal (qui appartient à NAS) avait sorti ce documentaire sur De La Soul, que je vous recommande chaudement. On en avait parlé sur le site d’ailleurs !
2 choses pour terminer : si vous trouvez le vinyle de « 3 feet high and rising » dans un vide grenier, achetez-le direct ! Et je vous conseille encore une fois la lecture du livre de Vincent Brunner !
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