Un bouquin signé Sylvain Bertot vient de sortir il y a quelques semaines chez Le Mot et le Reste, et je vous le conseille ! Le parfait cadeau pour un amateur de hiphop (mais pas que) ou pour soi-même histoire de se déconnecter des écrans.
Pour l’occasion, j’ai pu poser quelques questions à son auteur, Sylvain Bertot :
- Salut Sylvain, ton bouquin Rap/hiphop vient de sortir, peux-tu nous le décrire en quelques mots ?
Avec plaisir. Il s’agit d’une longue histoire du rap et du hip-hop, principalement américain, illustrée par la présentation détaillée de 200 albums (voire mixtapes), certains des classiques reconnus, d’autres des coups de cœur personnels. C’est en fait la refonte, avec beaucoup de nouveau contenu, d’un autre livre publié il y a dix ans, devenu entretemps un ouvrage de référence. Il est destiné tout autant aux néophytes qui veulent découvrir la riche épopée de cette musique, qu’aux connaisseurs qui cherchent une vue d’ensemble et des compléments à leur culture musicale.
- D’où vient cette passion pour le hiphop ?
Elle est venue progressivement. D’abord, ça a été de la curiosité et de l’intérêt pour des groupes tels que les Beastie Boys, De La Soul, Public Enemy, suivie d’une conversion totale et absolue à la grande époque du milieu des années 90, grâce à Dr. Dre et au Wu-Tang Clan. A l’époque, il y avait une sorte de concurrence entre les « musiques de jeune », rock indé, metal, musiques électroniques et hip-hop, et ces gens m’ont convaincu que c’était là, dans le rap, sans vouloir dénigrer les autres genres, qu’il se passait les choses les plus passionnantes. Je m’y suis plongé corps et âme.
- Est-ce que tu as une préférence pour une période ?
Le milieu des années 90, justement, quand chaque album de rap ou presque était un classique, mais aussi toute la période autour de l’an 2010, quand on a connu toute une effervescence autour des mixtapes gratuites, et qu’elles étaient en fait bien plus exaltantes que les albums officiels. Je ne suis pas d’une nature très nostalgique, mais ces moments ont été mes deux plus grandes périodes d’amour pour le rap, même si on parle de raps très différents, voire parfois antinomiques, boom bap ou g-funk pour l’une, trap, drill et tout le tintouin pour l’autre.
- On associe souvent le hiphop avec le sampling, tu peux nous parler de l’importance de cette technique ?
Le hip-hop est, à la base, une culture de l’emprunt. Il n’a pas commencé comme un genre musical en soi, mais comme le détournement par les DJs et des rappeurs de la musique des autres, à l’époque des block parties dans les années 70. Le premier tube de rap, « Rapper’s Delight », reproduisait la musique de Chic. L’arrivée du sampling un peu plus tard n’a fait que donner de meilleurs outils à cette culture du pillage, à cette façon de transformer la musique du passé en autre chose. Le sample est au cœur même du rap. C’est devenu un peu moins vrai à partir des années 2000, quand on est revenu à des compositions originales, souvent sommaires, à base de synthétiseur, mais le sample demeure un élément important de l’arsenal musical du rap.
- Si tu devais garder 3 albums (hiphop mais pas que !) ce serait lesquels ?
Trop dur ! Je suis un boulimique de musique, je n’ai pas 3 albums préférés, j’en ai 3000 ! Je vais me limiter au rap, sinon ce serait encore plus dur (je reste un grand fan de rock et d’autres genres encore).
- Genius/GZA – Liquid Swords (j’aurais pu citer aussi le premier Wu-Tang)
- Black Moon – Enta da Stage
- Dr. Dre – The Chronic
Un seul genre musical donc, au bout du compte, et sur trois années seulement. Mais celles-ci ont énormément compté.
- Quel sample te bluffe le plus ?
On va prendre un grand classique. Pour rester sur la même période, celui des Charmels sur le « C.R.E.A.M. » du Wu-Tang Clan. Le genre de boucle que tu pourrais écouter deux heures, tant que tu as des rappeurs d’un tel calibre dessus. Et RZA est de loin mon producteur préféré de tous les temps. Il a cette incroyable manière de trouver le bon sample, de le maltraiter, d’en faire une boucle bancale et tordue, presque dissonante, et pourtant de rendre tout cela absolument addictif. Même ses trucs les plus décriés, je les aime.
- Rap US ou Rap FR ? Et pourquoi ?
Rap US. Etant un vieux fan de rap, je suis entré directement dans le rap américain, le rap français n’existait quasiment pas à mon époque. J’écoute peu de rap français, et quand je le fais c’est plus par curiosité et par « conscience professionnelle », que par intérêt. J’aime les gros de toutes les époques, les IAM, les Booba, les PNL, et j’ai eu quelques chouchous comme la Caution ou Sameer Ahmad, mais dans l’ensemble, le rap français, ça m’indiffère. Quand tu connais le vrai truc, pourquoi s’intéresser au rap français, sinon par nostalgie ou par chauvinisme ?
- On peut te suivre où ?
Sur mon blog fakeforreal.net, depuis plusieurs décennies déjà. J’ai aussi des comptes sur tous les réseaux sociaux, mais l’essentiel de mes goûts et de mes propos, je les partage sur mon blog, ainsi que sur son forum, où interviennent une poignée de gens aux goûts très sûrs.
- D’autres projets en préparation ?
Je continue à être très actif sur mon blog, j’ai quelques projets pour lui qui me tiennent à cœur. Concernant un éventuel nouveau livre, ma tête fourmille d’idées. Il faudra juste jouer avec les facteurs temps et disponibilité !